La Spiral Jetty de Robert Smithon (Utah) © Eve Andree Laramee / Wikipédia

Le paradoxe du Land Art

(Temps de lecture: 3 - 6 minutes)

A la fin des années 1960, un courant artistique contemporain mêlant artistes des quatre coins du monde et nouvelles techniques artistiques voit le jour. Le « land art » est né de cette idée que l’Art et la nature sont indissociables. L’accent est mis sur l’utilisation de matériaux naturels comme le bois, la terre, l’eau ou l’air. L’exploration de nouveaux espaces pour exprimer leur sensibilité pousse les artistes à s’interroger sur la Nature et l’environnement.

Des œuvres d’art XXL

Les premières œuvres de land art sont exposées dans d’immenses zones désertiques de l’Ouest américains et sont appelées « terrassements » (earthworks).
Ce nouveau courant artistique ne représente pas la Nature mais se sert d’elle comme un outil de création de l’œuvre finale. Ainsi les œuvres d’art quittent les musées et les galeries d’exposition pour se retrouver hors les murs.
Mais dans ces années-là, les « earthworks » sont le plus souvent des œuvres magistrales comme la Spiral Jetty (500 m de long) sur le Lac Salé de Robert Smithon. Ces œuvres altèrent durablement le paysage, alors qu’aujourd’hui, la plupart des œuvres du land art se relèvent éphémères et vouées à se patiner, vivre et disparaitre de manière naturelle avec le temps et sous les effets des éléments. Cette idée d'éphémère, de transitoire, renvoie au cycle de la vie.

Du fait de sa temporalité et du lieu d’exposition parfois inaccessible, c’est souvent la photographie et l’illustration qui permettent aux artistes de land art de témoigner de leur création hors les murs et de les intégrer dans des expositions de musées. Pour le grand public, ce sont sur les réseaux sociaux que l’on trouve une foultitude d’œuvres d’art partagées.

Le land art, outil pédagogique transversal

Depuis quelques années, la pratique du land art s’est démocratisée et chacun souhaite s’y essayer, y compris dans les établissements scolaires. Il faut dire que la nature est une source inépuisable de créativité et représente un bel outil pédagogique transversal. Le land art se situe au carrefour de plusieurs enseignements comme les arts plastiques, les Sciences et Vie de la terre (SVT), l’Histoire Des Arts (HDA) et bien entendu l’Education au Développement Durable (EDD). Cet art permet de mettre en pratique de nombreux objectifs pédagogiques comme le sens de l’observation, la créativité, l’expression artistiques, les liens entre sciences et arts, le développement du sens critique….

Land art réalisé par les élèves de petite et moyenne sections de l'école Notre Dame d'Izel Vor à la Forët Fouesnant

Danger du land art pour la biodiversité

Que ce soit en bord de mer où à la montagne, on croise fréquemment des œuvres éphémères réalisées par tout à chacun. Aujourd’hui il suffit de parcourir le littoral pour prendre conscience de l’engouement du public pour le land art. Sur les plages par exemple, on trouve de nombreux amas de galets de toutes tailles empilés représentants des « cairns ». Ce sont devenues des stars sur Instagram ! Si la plupart des personnes savent que ramasser le sable ou la flore des dunes est punissable par la loi, peu s’interrogent sur les conséquences de leur création sur la biodiversité. Pourtant le déplacement et le prélèvement de ces galets fragilisent tout l’écosystème. Ils agissent comme des remparts naturels aux vagues et abritent souvent une faune et une flore microscopiques. De nombreux oiseaux s’y cachent pour nicher et couver leurs œufs comme les gravelots.

De l’art oui mais en respectant la nature !

Profitez des beautés que vous offre la nature et laissez-les à l’état sauvage.
Construire un cairn n’est donc pas interdit, mais après la photo, pensez à replacer les cailloux là où vous les avez trouvés !
Ajouter les gestes à faire en reprenant aussi ceux de la pêche à pieds.

Pour aller plus loin

Retrouvez notre dossier thématique consacré à la protection des océans et aux aires marines protégées et accédez à l'ensemble des documents téléchargeables gratuitement dans notre espace ressources pédagogiques.

  • Le livre de Patrick Straub « Art Terre ; La nature en projet - Du land art avec les enfants à l'école » où sont proposées de nombreuses idées de productions ainsi que les objectifs et attendus pédagogiques en lien au programme scolaire et dans le cadre du PEAC : patrick.straub.pagesperso-orange.fr/
  • Vidéo La spirale de Jetty : Voir sur Youtube

Pistes de travail

Les enseignements artistiques sont propices à la démarche de projet et le land art permet la mise en pratique d’une pédagogie interdisciplinaire.

  • Cycle 1 et 2 : organisation d’une collecte d’éléments naturels (bois, feuilles, terre, mousses, coquilles de noix…) dans le respect de l’environnement. Observation du paysage et de l’objet collecté. Création d’une œuvre éphémère collective dans la cour de récréation. Garder une trace en photographiant l’œuvre. On peut imaginer réaliser des œuvres saisonnières tout en identifiant les différences d’objets collectés en automne, en hiver et au printemps !
    Voir exemple de la fiche pratique du « land Art au cycle 2 » de l’Académie de Reims : Land’art : pratique au cycle 2
  • Cycle 3 : après avoir regardé des œuvres de land art produites par des artistes contemporains, on demande aux élèves lors d’une sortie nature (forêt, plage, parc...) de réaliser une composition personnelle à travers des éléments naturels trouvés dans un temps court. Ils peuvent s’inspirer des artistes étudiés (exemple avec la Spirale de Jetty). On peut aussi lier cette réalisation à un thème travaillé en classe. On dessine ensuite l’œuvre d’art et on la prend en photo pour l’intégrer au cahier de PEAC.